Depuis toujours un caractère entier, sans demi mesure, avec toujours des sentiments exacerbés en bien ou en mal.
Etudes réussies et vie professionnelle menée à bien, même par la suite.
Je situe LE choc émotionnel en septembre 95 .
Un problème personnel qui a chamboulé ma vie et je pense que le processus de cette maladie latente chez moi a commencé à se développer à ce moment là, pour s’amplifier dans le temps.
Je précise que la sœur de mon père est bipolaire.
En raison d’une anxiété grandissante et envahissante, j’ai commencé à m’enfoncer dans la dépendance à l’alcool, qui me servait d’anxiolytique.
Diagnostic de l’époque : dépression et prescription d’AD.
Je continuais à boire en douce, menais ma vie professionnelle, dans l’hyperactivité. Mais la situation n’a fait qu’empirer dans la douleur.
Je mettais sur le dos de l’alcool tous les comportements irrationnels que je pouvais avoir. Vie sexuelle débridée, agressivité au travail, ou alors repli sur moi-même, méchancetés, même envers mon fils, insomnies, bouffées délirantes, paranoïa.
Je pratiquais le vagabondage médical, prenais des médicaments hasardeux, des AD qui me rendaient fébrile, j'avais régulièrement l'impression et la peur de devenir folle, et puis des répits en intervalle libre qui me faisaient abandonner médocs ou médecins.
Après 5 ans à ce rythme, et une première hospitalisation en psychiatrie, mes parents m’ont prise en charge chez eux en 1999.
Ma vie à partir de là ? Visites chez mon alcoologue, cures de désintoxications (4 au total), admissions aux urgences (6), les séjours en psychiatrie (7) certains ont même fini par me refuser l’hospitalisation, conflits familiaux, etc….
J’avais quand même un job depuis mai 2000 que j’ai conservé.........
En 2003,mon médecin traitant à fini par me parler de trouble bipolaire et me proposer du Depakote. A l’époque j’ai très mal pris le diagnostic : j’étais déjà malade alcoolique alors en plus malade mentale c’était trop pour moi.
A contre coeur j’ai pris mon traitement environ 6 mois, avant de l’arrêter brutalement : j’ai découvert que ce médicament me faisait prendre du poids.
De colère, j’ai jeté mes médicaments. En plus de ce sevrage brutal, j’étais à cette époque surchargée de travail (mais je n’en avais jamais assez), fourmillant de projet, des envies de voyages en permanence.
L’excitation est allée crescendo jusqu’au flop de juin 2005 où, en pleine dépression, je me suis réalcoolisée après 18 mois d’abstinence.
S’en est suivi plus d’un an d’arrêt maladie avec de nombreux mois d’hospitalisation sans suivi psy sérieux (séance de 5 mn chaque matin, fréquents changements de traitement). Les psy que j'ai pu cotoyer durant mes hospitalisations n'ont jamais validé ni évoqué le trouble bipolaire.
J’ai fini par rentrer chez moi : je restais vautrée sur mon canapé la plupart du temps, abrutie par des médicaments inadaptés, en pensant fréquemment à la mort sans passer à l’acte, ne rêvant que de dormir, dormir. Seul le sommeil m’apaisait.
J’ai parfois connu des états mixtes, avec agitation psycho-motrice carabinée, alcoolisation massive, jusqu’au coma ethylique.
Courant 2006, j’ai commencé à refaire surface, aidée par mon médecin traitant qui n’a jamais rien lâché, convaincu du diagnostic de trouble bipolaire, et mon médecin du travail.
J’ai enfin accepté le diagnostic et le traitement à vie.
J’ai recommencé à travailler début octobre 2006 sur un poste adapté et j’ai obtenu le statut de Travailleur Handicapé. Je suis depuis peu titulaire d'un nouveau poste.
Pour synthétiser tout ça j’’aurais bien aimé vous poster ce que j’avais fait à l’hôpital Chennevier. Avec la psy j’avais tracé une ligne de vie horizontale, et indiqué les dates d’hospitalisation qui me servaient de repères dans le temps (11 ans de galère c’est long, même si c’est pas un record).
A chaque date j’avais fait correspondre un rectangle moyen (hypo), haut (manie), à cheval sur la ligne (état mixte) et en dessous de la ligne (dépression).
Croyez moi, c’était chaotique.
Aujourd’hui, ça va.